Repenser la pénurie des talents digitaux

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Digitalcity.brussels

Alors que la digitalisation des entreprises s’intensifie, le marché belge du travail peine toujours à recruter les profils capables d’accompagner cette transition. La pénurie de talents numériques ne relève plus du constat passager : elle est devenue un déséquilibre structurel.
Le premier chapitre du Rapport de Veille 2025 de Digitalcity.brussels s’attaque à cette tension persistante, en l’éclairant d’un regard lucide et en proposant des leviers concrets pour repenser l’attractivité et l’accès aux métiers du numérique.

rapport de veille
Une pénurie installée, un enjeu stratégique

Les offres d’emploi dans le numérique se multiplient. Pourtant, le nombre de spécialistes IT en Belgique diminue, passant de 5,6 % à 5,4 % de la population active entre 2023 et 2024.
Cette contradiction n’est pas anodine. Elle signale un glissement du marché : les compétences numériques sont désormais requises dans tous les secteurs, y compris ceux traditionnellement éloignés de l’IT. Le recrutement IT n’est plus une affaire d’entreprises tech, mais une priorité pour l’ensemble du tissu économique.

« Aujourd’hui, toutes les entreprises recrutent des experts IT. »
Brieuc Janssens de Varebeke, Agoria Brussels

Conséquence : une forte tension sur les profils seniors, des offres non pourvues qui s’accumulent, et une perte de compétitivité dans les projets digitaux des entreprises.

Un mal aux racines profondes

La grande force de ce premier chapitre est de montrer que cette pénurie ne repose pas uniquement sur un manque de formation ou d’attractivité. Elle résulte de facteurs imbriqués, culturels, éducatifs, organisationnels.

Des critères de recrutement trop normés

Les entreprises continuent de favoriser les profils issus de filières universitaires, au détriment de candidats venant de parcours professionnalisants, souvent mieux préparés aux réalités terrain. En 2024, 85 % des recrutements IT concernent des diplômés de l’enseignement supérieur TIC.
Ce filtre exclut des milliers de talents formés via des programmes qualifiants, des reconversions ou des dispositifs courts – comme ceux proposés par Digitalcity.brussels.

Une méconnaissance des métiers et des voies d’accès

Le rapport pointe également un déficit de sensibilisation : les jeunes, les chercheurs d’emploi, mais aussi les prescripteurs (enseignants, conseillers, familles) connaissent mal les métiers du numérique et leurs voies d’accès.
Résultat : une orientation scolaire souvent stéréotypée, une faible projection vers ces carrières, et des vocations qui ne naissent pas.

Le poids invisible des soft skills et des langues

Autre facteur moins visible mais tout aussi bloquant : les attentes comportementales et linguistiques des recruteurs.
Les entreprises recherchent de plus en plus des profils capables de s’adapter, de communiquer, de gérer la complexité – autant de soft skills peu enseignées dans les formations classiques.
De même, la maîtrise de l’anglais (et du néerlandais) reste un obstacle réel pour de nombreux chercheurs d’emploi. Or, dans les métiers digitaux, l’anglais est souvent incontournable.

Une équation quantitative... et qualitative

La pénurie, souvent perçue comme un déséquilibre entre offre et demande, est en réalité une question d’adéquation. Les chiffres du rapport sont éloquents :

  • En 2024, 643 offres de poste de Business Analyst sont remontées à Actiris à Bruxelles.
  • Seulement 183 chercheurs d’emploi se déclarent formés pour ce métier.

Ce décalage criant montre que les talents existent – mais qu’ils ne sont ni détectés, ni reconnus, ni orientés de manière optimale.

Sortir de la logique de rareté

  • Le principal mérite de ce rapport est d’inviter à changer de prisme. La pénurie n’est pas une fatalité, mais le symptôme d’un écosystème à rééquilibrer.
  • Pour cela, plusieurs leviers sont mis en lumière :
  • Développer une communication grand public sur la diversité des métiers du numérique et les voies d’accès existantes.
  • Encourager les entreprises à élargir leurs critères de recrutement, en valorisant les formations courtes et intensives, les reconversions réussies et les soft skills.;
  • Créer des dispositifs de mentorat ou de témoignages inspirants pour aider les publics éloignés de l’emploi à se projeter.
Un rapport pour agir

Loin d’être un simple état des lieux, le chapitre 1 du Rapport de Veille propose une véritable grille de lecture des tensions actuelles. Il dresse un inventaire clair des freins – mais surtout, il ouvre des pistes pour les surmonter, collectivement.

📘 À télécharger ici :
👉 Rapport de Veille – Chapitre 1 : Le syndrome du profil introuvable (PDF)

🎧 BONUS : Christina Galouzis décrypte les conclusions de ce premier chapitre dans le podcast DigiPulse :